Qu'est-ce la méditation en pleine conscience ?
MySommeil a demandé à 2 médecins spécialistes de la méditation de nous expliquer cette nouvelle psychothérapie qu’est la méditation en pleine conscience (Mindfulness en anglais). 30 novembre 2012. Pr Pascal Delamillieure & Dr Francis Gheysen
Une définition généralement acceptée de la mindfulness ou pleine conscience en français est celle de Jon Kabat-Zinn (2003) selon laquelle elle consiste à porter intentionnellement son attention aux expériences internes (sensations, émotions, pensées, états d’esprit) ou externes du moment présent, sans porter de jugement de valeur (1).
D’autres définitions plus spécifiques ont été proposées comme celle de Ruth Baer et ses collègues (2003) selon laquelle la pleine conscience comporte cinq composantes (2) :
- l’observation des sensations, perceptions, pensées et émotions;
- l’identification avec des mots de ces observations;
- la non-réactivité à l’expérience intérieure;
- le non-jugement de l’expérience (constater sans condamner…);
- l’agissement avec conscience.
Alors qu’elle tire ses origines de la tradition bouddhiste, les travaux de Jon Kabat-Zinn de l’Université du Massachusetts (États-Unis), vers la fin des années 1990, ont été influents pour promouvoir son intégration à différentes formes de psychothérapie. Ainsi, l’intégration des concepts de la pleine conscience caractérise notamment les psychothérapies cognitivo-comportementales dites de la troisième vague.
Des études scientifiques récentes ont démontré l’effet bénéfique de cette approche, sur la diminution du stress (3), de l’anxiété (4,5), de la dépression (6,7), la douleur (8) et les troubles du sommeil (9).
D’après les données récentes de la littérature, il apparaît clairement que la méditation en pleine conscience est associée chez le sujet sain à des modifications neurales concernant les circuits neuronaux impliqués dans l’attention et la perception, probablement en lien direct avec la concentration et le recentrage permanent de l’attention sur le moment présent et la conscience accrue des stimuli sensoriels qu’imposent ces nouvelles formes de psychothérapie.
Les études ont également montré une augmentation de densité de la matière grise dans l’hippocampe, une région importante pour l’apprentissage et la mémoire, et dans les structures associées à la conscience de soi, l’empathie et l’introspection (10). Les réductions de stress rapportées étaient aussi en corrélation avec une diminution de la densité de matière grise dans l’amygdale, qui joue un rôle important dans l’anxiété et le stress.
« Pascal DELAMILLIEURE est Psychiatre, Psychothérapeute, Professeur de Psychiatrie au CHU de Caen et Francis GHEYSEN est Psychiatre libéral et Psychothérapeute, Attaché au CHU de Caen »
12 décembre 2023