Le syndrome d’apnées du sommeil se rencontre dans environ 5% de la population française dont 10 % des 60-65 ans. Il est 2 fois plus fréquent chez les hommes. Ce trouble peut avoir des conséquences sérieuses. 75 % des syndromes d’apnées du sommeil sont de type obstructif. Les 25% restants regroupent le syndrome d’apnées du sommeil central et le syndrome d’apnées du sommeil mixte (obstructif et central).
Qu’est-ce que le syndrome d’apnées obstructives du sommeil ?
Définition :
Il se caractérise par des arrêts répétés de la respiration au cours du sommeil en raison d’un blocage de l’air au niveau des voies aériennes supérieures, on parle alors d’apnées « obstructives ». Si le blocage est complet, on parle d’apnées, lorsqu’il est partiel, il s’agit d’hypopnées. Ils sont pathologiques lorsqu’ils durent plus de 10 secondes.
La sévérité du syndrome d’apnée du sommeil se définit par le nombre d’apnées et/ou d’hypopnées par heure de sommeil :
- Syndrome d’apnées du sommeil sévère : nombre d’apnées ou hypopnées > 30 / heure.
- Syndrome d’apnées du sommeil modéré : nombre d’apnées ou hypopnées entre 15 et 30 / par heure de sommeil.
- Syndrome d’apnées du sommeil léger : nombre d’apnées ou hypopnées entre 5 et 15 / par heure de sommeil.
Que ce passe t'il ?
Lorsque nous dormons, le tonus musculaire diminue et réduit le calibre de nos voies respiratoires hautes provoquant le ronflement. Dans certaines conditions, cela aboutit à une fermeture partielle (hypopnée) ou complète (apnée) au niveau du pharynx .Ce colmatage forme alors un blocage au passage de l’air expiré par nos poumons.
Pour en sortir, l’organisme va réagir par un éveil pour ouvrir les voies respiratoires supérieures. Cet éveil, souvent court, appelé micro éveil (entre 3 et 15 secondes) est à l’origine d’une grande fragmentation du sommeil qui se définit par un nombre de micro éveils par heure de sommeil. Cette fragmentation déstructure l’organisation du sommeil et est à l’origine d’un sommeil non récupérateur.
Comment le suspecter ?
Le syndrome d’apnées du sommeil est suspecté lorsqu’il y a présence des critères A ou B + critère C d’après les Recommandations SPLF 2010
A. Somnolence diurne excessive non expliquée par d’autres facteurs
B. 2 ou moins des critères suivants non expliqués par d’autres facteurs
• Ronflement sévère et quotidien
• Sensations d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil
• Éveils répétés pendant le sommeil
• Sommeil non récupérateur
• Fatigue diurne
• Difficulté de concentration
• Nycturie (plus d’une miction par nuit)
C. Un index d’apnées et d’hyponées (IAH) > ou = 5 par heure
Les causes du syndrome d'apnées obstructives du sommeil ?
Tout d’abord, l’anatomie de nos voies aériennes supérieures au niveau ORL (nez, amygdales volumineuses, voile du palais, luette) et/ou au niveau orthodontique (Mâchoires reculées, morphologie de la langue) est une des causes bien identifiées du syndrome d’apnées obstructives du sommeil. Un facteur héréditaire anatomique se retrouve également dans un certain nombre de cas.
D’autres causes sont également responsables de ce syndrome :
– Cause hygiéno-diététiques : la consommation de vin, d’alcool et de tabac.
– L’obésité est un facteur très important. Bien souvent le nombre d’apnées et d’hypopnées est proportionnel à la surcharge pondérale.
– La prise de certains médicaments comme par exemple les benzodiazepines qui sont contre-indiquées dans le syndrome d’apnées du sommeil.
– La fatigue peut majorer l’intensité du ronflement et le nombre d’apnées.
Il peut exister également une cause positionnelle qui peut aggraver les apnées du sommeil lors du sommeil sur le dos en raison de la bascule de la langue en arrière.
Les conséquences du syndrome d'apnées obstructives du sommeil
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil a de nombreuses conséquences notamment :
– La somnolence diurne excessive en raison des baisses d’oxygène répétitives lors des apnées et de la fragmentation importante du sommeil par les micro éveils. Il n’est pas rare de constater 600 apnées dans une nuit associées à 600 micro éveils ! Elle se manifeste par des troubles majeurs de l’attention et de la concentration . Elle est bien souvent à l’origine d’accidents de la circulation.
– Les risques cardiovasculaires car les apnées et micro éveils provoquent une variation de la fréquence cardiaque à l’origine de troubles du rythme. Elles sont aussi associées à l’hypertension artérielle, à l’insuffisance coronarienne ou aux risques d’accidents vasculaires cérébraux. Cette relation entre apnées du sommeil et risques cardiovasculaire fait actuellement l’objet de nombreuses recherches scientifiques.
– D’autres conséquences peuvent survenir comme les troubles de la sexualité, la prise de poids et les troubles de l’humeur.
Comment faire le diagnostic ?
L’examen de référence du syndrome d’apnées obstructif du sommeil est la polysomnographie qui permet de calculer le nombre d’apnées par heure de sommeil. Il permet d’enregistrer l’ensemble des évènements survenant pendant le sommeil et ainsi d’exclure d’autres pathologies du sommeil. Il permet aussi d’objectiver la somnolence diurne dans certains cas grâce au Test Itératif de Latence d’Endormissement (TILE) ou au Test de Maintien de l’Eveil (TME).
Cet examen de référence nécessite d’être réalisé dans un centre de sommeil. Bien souvent, ces centres étant saturés, les médecins peuvent proposer un dépistage plus rapide par une polygraphie ventilatoire. Cet examen ne tient compte que des évènements respiratoires par heure d’enregistrement et n’est donc qu’un examen d’orientation. Il n’a de valeur que dans les formes sévères.
Quelle prise en charge ?
La prise en charge du syndrome d’apnées obstructives du sommeil nécessite une collaboration en réseau impliquant le médecin traitant, le médecin du sommeil, l’ORL, le spécialiste dentaire, le stomatologue et tout spécialiste concerné par le patient.
– Le médecin traitant pourra aider le patient à modifier ces règles hygiéno-diététiques, notamment au niveau alimentaire car on sait qu’une baisse du poids du patient peut diminuer le nombre et la durée des apnées.
– Le médecin du sommeil, en dehors du diagnostic, peut initier et prendre en charge le traitement de l’apnée du sommeil par la Pression Positive continue. Il peut aussi conseiller un traitement positionnel. Il a un rôle important de contrôle de l’efficacité des traitements mis en œuvre par les autres médecins.
– L’ORL pourra poser une indication de traitement médical ou chirurgical en fonction de son diagnostic.
– Le spécialiste dentaire posera l’indication d’orthèse d’avancée mandibulaire. Ce traitement consiste à propulser en avant la mâchoire inférieure afin d’agrandir le volume du pharynx et ainsi favoriser le passage de l’air. Cette solution peut être efficace mais nécessite un état bucco-dentaire excellent à cause de la traction exercée sur les mâchoires et les dents.
– Le stomatologue pourra poser une indication de chirurgie d’avancée mandibulaire qui n’est réservé qu’aux cas bien particuliers de morphologie maxillo-faciale et d’apnées obstructif du sommeil sévère.
La Pression Positive Continue en pratique:
En France, elle fait l’objet de critères stricts de prise en charge par la sécurité sociale et n’est réservée qu’à des formes sévères.
Son but étant d’insuffler de l’air lors de chaque apnée grâce à un appareil pour ouvrir les voies aériennes supérieures. Lorsque l’appareillage est bien toléré et mis quotidiennement, les résultats sont remarquables.
Ce traitement de référence sera le sujet d’un « dossier sommeil » à venir.
Le syndrome d'apnées du sommeil central
Le syndrome d’apnées du sommeil central est moins fréquent que le syndrome d’apnées obstructives du sommeil
Il s’agit d’un domaine spécialisé qui fait l’objet de recherches très importantes. Il peut s’apparenter à des apnées obstructives mais survient aussi dans le cadre de pathologies cardiologiques, neurologiques ou en cas de prise de médicaments.
Le traitement du syndrome d’apnées du sommeil central dépend du bilan diagnostic. Pour les insuffisants cardiaques, on cherchera un traitement médical optimal pour traiter l’insuffisance cardiaque.
De même que pour les apnées obstructives, une ventilation peut être proposée. Enfin, à la différence du syndrome d’apnées obstructives du sommeil, des médicaments sont envisageables pour des indications bien précises.
Le syndrome d'apnées du sommeil mixte
Lorsqu’on retrouve des apnées obstructives et centrales au sein d’un même enregistrement, on parle de syndrome d’apnées du sommeil mixte. La plupart du temps, l’apnée débute par un arrêt de la commande de la respiration puis se poursuit par une apnée obstructive.
La prise en charge de ce syndrome d’apnées mixtes dépend de la proportion trouvée d’apnées obstructives et d’apnées centrales. Les traitements seront donc adaptés au cas par cas et reprennent les traitements vus pour le type obstructif et central.
Nous vous informons que ceci ne constitue pas un avis médical. Si vous souhaitez avoir un avis sur un éventuel trouble du sommeil, parlez-en à votre médecin traitant lors d’une prochaine consultation.
12 décembre 2023